"Les officiers destinés à la conservation des plaisirs n'ont pas les mêmes vues que ceux occupés uniquement de la conservation du fonds" (Registre Duvaucel, page 341). Entre la Capitainerie qui se croit tout permis et la Maîtrise dont le crédit est médiocre, l'entente est loin d'être parfaite. Les Officiers des Eaux et Forêts reprochent aux Officiers des chasses de rompre les "palis" ou treillages installés à grands frais pour préserver les jeunes coupes et les plantations de la dent du gibier, de ne pas expurger les enceintes de grands animaux après le départ du Roi, d'y laisser pulluler le lapin au mépris des ordonnances (Registre Duvaucel ibidem). Aussi, le repeuplement de la forêt est-il malaisé et onéreux ; les plantations dont la réussite est toujours aléatoire reviennent à 350 livres l'arpent (700 F l'hectare) prix "exorbitant" que Duvaucel ramène par la suite à 200 livres ;
et cependant, en dépit de ces circonstances si peu favorables, malgré le gibier, malgré les coupes, malgré les incendies, la forêt se maintient et gagne en étendue. Qu'on ajoute à ce tableau les dégâts causés par le pâturage de 13 700 vaches ou veaux appartenant aux habitants des communautés riveraines, les délits de bois commis par les usagers et que Duvaucel évalue à 2 000 cordes par an (page 344), le trafic de bois que font ouvertement les gens des écuries du Roi, de la Reine, de la Dauphine et des Princes (page 345), l'insuffisance des gardes dont chacun a 3 000 arpents à surveiller (page 346) et l'on aura la physionomie à peu près complète de la forêt de Fontainebleau vers la fin de l'Ancien Régime.

Physionomie singulièrement agitée dont nous pourrions de nos jours trouver de nombreuses

et ressemblantes répliques, qui n'évoque guère en tous cas l'asile religieux, la Sylve "intacte et prodigieuse" dont M. Uzanne nous présente l'imaginaire peinture. Dans ce bois sacré, on coupe, on recèpe, on plante, on aligne, on pille enfin de mille manières. A aucun moment l'action de l'homme ne s'est exercée à Fontainebleau avec une pareille intensité.
Et cependant, cette forêt traitée d'une façon si rude, c'est la forêt que verront les hommes de 1830, celle-là même qui suscitera les chefs d'oeuvre de l'école paysagiste, celle qui réalisait, au dire des artistes contemporains, l'idéale et parfaite beauté.
Alors, une conclusion s'impose à l'esprit : c'est que l'exploitation "industrielle"