Il ne s'ensuit pas que Colbert soit le moins du monde insensible aux recettes que procurera la vente des coupes ; de fait, les grandes réformations de 1662 à 1668 sont suivies d'un relèvement considérable du produit des forêts*, mais cette prospérité budgétaire n'est pas le but immédiatement cherché ; elle est la conséquence de la répression des abus et du bon ordre introduits dans les exploitations.
*produit de la vente des bois du Roi : en 1661, 168 788 livres en 1683, 1 028 766 livres - Clément - "Histoire de Colbert" page 82).

Il ne faut donc pas s'étonner de voir tous les réformateurs de la forêt de Fontainebleau si attentifs au côté "commercial" de l'exploitation.

Le Grand Maître Duvaucel, en particulier, s'en montre fort préoccupé. Calculateur consciencieux, il suppute le produit des coupes à venir ; il estime la forêt en capital et dans une évaluation complète par catégories de peuplements qui la composent ; les futaies, les jeunes repeuplements, les gaulis, les taillis jeunes ou vieux, tout est inventorié et estimé à une perche et à un sol près (Registre Duvaucel, pages 339 et suivantes). Duvaucel termine ses réflexions et ses critiques en disant que si l'on suivait les aménagements qu'il indique, "la forêt de Fontainebleau se repeuplerait et les ressources qu'on en tirerait doubleraient de valeur" (page 348). C'est le langage d'un bon serviteur qui tient à faire valoir le Domaine de son maître.
Pour réaliser des produits, il faut établir des règlements de coupes et c'est à quoi s'emploient les réformateurs.
L'idée qui domine ces règlements, qui reparaît pour ainsi dire à chaque page, c'est qu'il faut se hâter d'exploiter les bois trop vieux ou dépérissants parce que le retard apporté à leur coupe compromettrait la régénération de la forêt. Barillon d'Amoncourt, la Faluère et Duvaucel tiendront successivement le même langage.

Barillon d'Amoncourt distingue dans la forêt quatre "qualités différentes de bois" (Réformation de 1664 p. 275) : la première et la meilleure constituée par les futaies (bois de plus de 100 ans), les demi-futaies (bois de 60 à 100 ans) et quarts de futaie (bois de 30 à 60 ans) en état de prospérer et pouvant être maintenus encore longtemps sur pied.-